Contrairement à ce qui est souvent dit et répété, la possibilité pour un pays de quitter la zone euro existe et a toujours existé grâce à de deux principes fondamentaux du droit international; le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et le droit pour tout Etat souverain de dénoncer un traité international. Ce n'est d'ailleurs que du sens; peut-on imaginer qu'un accord vous lie à vie sans possibilité d'en sortir?
Le traité de Lisbonne qui date de 2007 n'a fait qu'organiser et codifier cette possibilité pré-existante. Appartenance à l'UE et zone euro sont un package, en adhérant à l'UE un pays s'engage à adopter à terme la monnaie unique et un pays qui désire quitter la zone euro ne peut le faire qu'en quittant l'UE (deux pays ont négocié une exemption, Royaume-uni et Danemark, mais cette option est définitivement interdite à tous nouvel entrant).
L’objet de mon papier n'est pas de vous parlez de la probabilité, du bienfondé économique ou l'opportunité politique qu'un pays a d'abandonner la monnaie commune. Je me limiterais à sa faisabilité technique (le détricotage) en m'appuyant sur le pays qui, aujourd'hui, a le plus de chance qui quitter l'euro; la Grèce.
Les monnaies nationales n'ont pas complétement disparu
La monnaie s'exprime sous trois apparences physiques différentes; l'argent qui vous avez sur votre compte en banque, les pièces de monnaie (monnaie divisionnaire) et la plus emblématique, les billets de banque (monnaie de papier). Contrairement à ce qu'on pourrait penser l'euro est géré par chaque pays de l'Eurozone de manière relativement autonome mais sous le contrôle de la Banque Centrale Européenne (BCE) bien sûr, c'est même pour cela que les banque centrales nationales subsistent et que ce sont elles qui sont les actionnaires de la BCE et pas ses filiales.
Cette autonomie est visible et évidente concernant les pièces de monnaies, si vous avez dans la poche une pièce de deux euros avec sur sa face une harpe celtique c'est surement pas la République slovène qui l'a fait frapper. Cette autonomie est toujours visible mais moins évidente quant il s'agit de bille de banque, seule la première lettre du numéro de série indique le pays qui a imprimé ou fait imprimer ce billet; la lettre Z désigne la Belgique par exemple. Pièces et billets, les deux formes de monnaie fiduciaires, sont donc fabriqués par chaque Etat sous sa responsabilité mais en suivant les directives de la BCE.
La monnaie scripturale (chèques, virements, prélèvements etc.) c'est toujours et encore autonome mais ce n'est plus visible ni évident car ce sont les banques qui s'occupent de cette cuisine. La compensation des paiements se fait toujours au niveau national alors que les règlements des soldes de paiement en inter-Eurozone transitent par les banques centrales nationales via la BCE. Compliqué? Un exemple simple:
L'exemple du règlement en Euro d'un achat simple transfrontalier
Vous habitez en France et vous achetez un smartphone sur un site internet d'une société basée en Allemagne. Si vous réglez par virement bancaire l'argent quitte votre compte du Crédit agricole puis passe par la Banque de France qui verse les fonds à sa consœur allemande, la Bundesbank, part le truchement du système de règlement géré par la BCE. La Buba, à son tour, envoient les fonds sur le compte de voter fournisseur à la Commerzbank.
Evidemment l'exemple que j'ai pris est fictif car dans la réalité il y a toujours un client allemand qui achète du pinard à un négociant bordelais et tout cela se termine par une simple compensation dans les livres de compte des deux banques. C'est "l'esprit" des flux financiers que j'ai voulu montrer avec cet exemple, plus un pays à des échanges déséquilibrés avec un autre pays plus il doit faire appel à des versement via banques centrales, puisqu'il ne peut compenser les sorties de capitaux avec des entrées. L'exemple montre surtout qu'il y des "sas de sécurité" activables à tout moment entre systèmes de règlement nationaux même entre pays ayant une monnaie commune. Aucune banque centrale d'un des pays membre de l'Eurozone ne peut créer de monnaie ex-nihilo, cela reste le privilège de l’institut d’émission; la BCE.
Le même système existe chez le grand frère américain
Ce système n'a rien d’extraordinaire ou de farfelue, le même système existe aux USA avec une différence mineure qui est que la frontière monétaire invisible ne correspond pas aux contours de chaque Etat fédéré mais à celui de douze districts (voir image ci-contre). La différence majeur est que le Dollar est la monnaie d'un Etat fédéral, pour l'heure l'Union Européenne est loin d'avoir atteint ce stade politique.
Pour la petite histoire, lors de la crise de 1929, la Federal Reserve Bank de Chicago refusa de venir au secours de sa consœur de New York qui était en grande difficulté à cause des banques de Wall street qu'elle cherchait à soutenir (et oui, déjà à l’époque!). Ceux qui réclament une solidarité accrue entre pays européens à l'image de ce qui se ferait aux USA devraient avoir cet exemple en tête qui est aussi applicable au niveau des relation fédérales; quand le Minnesota rencontre des problèmes budgétaires qui l'obligent à fermer ses parcs nationaux, ses musées et son zoo, ni la Californie ni l'Etat fédéral ne viennent les renflouer les yeux fermés.
Un scénario pour la Grèce
Puisqu'il existe autant de sous-zones monétaires dans l'Eurozone qu'il y a de pays adhérents avec des billets de banque et des pièces de monnaie identifiables selon leur émetteur et un système de pare-feu activable à tout moment permettant de mettre en quarantaine un pays dans un délais très court, l’expulsion des circuits de règlement d'un pays peut facilement se faire. Ceux qui ont conçu ce système avaient bien sûr cet objectif en tête; comment isoler et neutraliser un pays de la zone euro qui se mettrait à faire n'importe quoi (faire tourner la planche à billet plus que de raison pas exemple) pour ne pas qu'il entraine ses partenaires dans l’abîme.
L'insularité monétaire de la Grèce (le pays n'a aucune frontière commune avec un autre membre de l'Eurozone) offre de surcroit un avantage important, assez peu de billets de banque imprimés par Athènes ne circulent à l’étranger. Pour autant le problème posés par des "billets de banque grecs" aussi marginal qu'il puisse être peut devenir un casse-tête et compromettre gravement la crédibilité de la monnaie unique auprès du grand public. faut-il que chaque pays accepte ces billets détenus par ses habitants? Dans quelle limite et pour quelle durée peut-il accepter de les convertir? Comment lutter contre le trafic de devises qui ne manquera pas d'apparaitre avec des "euro grecs" que des trafiquants chercheraient à faire quitter la Grèce? Comment ne pas paralyser le commerce de détail avec des caissières chargées de traquer un billet hellène.
La sortie de la Grèce de la zone euro serait beaucoup mieux gérable en ce qui concerne les actifs et les contrats. L'épargnant grec qui détiendrait une action de BMW de 10 euros nominal inscrit dans sa banque à Thessalonqiue détiendrait toujours le même montant en cas de retour à la Drachme (c'est d'ailleurs une des technique utilisée par beaucoup de Grecs pour protéger leur capital, enfin ce qui en ont les moyens bien sûr). les contrats commerciaux passeraient à la Drachme à partir du moment où ils ont été signé selon le droit grecs et les emprunts contractés auprès de banques locales seraient aussi convertis. Certains Grecs ont donc même intérêts à ce que leur pays quittent la zone euro et que la nouvelle devise dévalue fortement.
A propos, connaissez-vous le code grec d'identification des billets de banque en euro?
Les monnaies nationales n'ont pas complétement disparu
La monnaie s'exprime sous trois apparences physiques différentes; l'argent qui vous avez sur votre compte en banque, les pièces de monnaie (monnaie divisionnaire) et la plus emblématique, les billets de banque (monnaie de papier). Contrairement à ce qu'on pourrait penser l'euro est géré par chaque pays de l'Eurozone de manière relativement autonome mais sous le contrôle de la Banque Centrale Européenne (BCE) bien sûr, c'est même pour cela que les banque centrales nationales subsistent et que ce sont elles qui sont les actionnaires de la BCE et pas ses filiales.
Cette autonomie est visible et évidente concernant les pièces de monnaies, si vous avez dans la poche une pièce de deux euros avec sur sa face une harpe celtique c'est surement pas la République slovène qui l'a fait frapper. Cette autonomie est toujours visible mais moins évidente quant il s'agit de bille de banque, seule la première lettre du numéro de série indique le pays qui a imprimé ou fait imprimer ce billet; la lettre Z désigne la Belgique par exemple. Pièces et billets, les deux formes de monnaie fiduciaires, sont donc fabriqués par chaque Etat sous sa responsabilité mais en suivant les directives de la BCE.
La monnaie scripturale (chèques, virements, prélèvements etc.) c'est toujours et encore autonome mais ce n'est plus visible ni évident car ce sont les banques qui s'occupent de cette cuisine. La compensation des paiements se fait toujours au niveau national alors que les règlements des soldes de paiement en inter-Eurozone transitent par les banques centrales nationales via la BCE. Compliqué? Un exemple simple:
L'exemple du règlement en Euro d'un achat simple transfrontalier
Vous habitez en France et vous achetez un smartphone sur un site internet d'une société basée en Allemagne. Si vous réglez par virement bancaire l'argent quitte votre compte du Crédit agricole puis passe par la Banque de France qui verse les fonds à sa consœur allemande, la Bundesbank, part le truchement du système de règlement géré par la BCE. La Buba, à son tour, envoient les fonds sur le compte de voter fournisseur à la Commerzbank.
Evidemment l'exemple que j'ai pris est fictif car dans la réalité il y a toujours un client allemand qui achète du pinard à un négociant bordelais et tout cela se termine par une simple compensation dans les livres de compte des deux banques. C'est "l'esprit" des flux financiers que j'ai voulu montrer avec cet exemple, plus un pays à des échanges déséquilibrés avec un autre pays plus il doit faire appel à des versement via banques centrales, puisqu'il ne peut compenser les sorties de capitaux avec des entrées. L'exemple montre surtout qu'il y des "sas de sécurité" activables à tout moment entre systèmes de règlement nationaux même entre pays ayant une monnaie commune. Aucune banque centrale d'un des pays membre de l'Eurozone ne peut créer de monnaie ex-nihilo, cela reste le privilège de l’institut d’émission; la BCE.
Le même système existe chez le grand frère américain
Ce système n'a rien d’extraordinaire ou de farfelue, le même système existe aux USA avec une différence mineure qui est que la frontière monétaire invisible ne correspond pas aux contours de chaque Etat fédéré mais à celui de douze districts (voir image ci-contre). La différence majeur est que le Dollar est la monnaie d'un Etat fédéral, pour l'heure l'Union Européenne est loin d'avoir atteint ce stade politique.
Pour la petite histoire, lors de la crise de 1929, la Federal Reserve Bank de Chicago refusa de venir au secours de sa consœur de New York qui était en grande difficulté à cause des banques de Wall street qu'elle cherchait à soutenir (et oui, déjà à l’époque!). Ceux qui réclament une solidarité accrue entre pays européens à l'image de ce qui se ferait aux USA devraient avoir cet exemple en tête qui est aussi applicable au niveau des relation fédérales; quand le Minnesota rencontre des problèmes budgétaires qui l'obligent à fermer ses parcs nationaux, ses musées et son zoo, ni la Californie ni l'Etat fédéral ne viennent les renflouer les yeux fermés.
Un scénario pour la Grèce
Puisqu'il existe autant de sous-zones monétaires dans l'Eurozone qu'il y a de pays adhérents avec des billets de banque et des pièces de monnaie identifiables selon leur émetteur et un système de pare-feu activable à tout moment permettant de mettre en quarantaine un pays dans un délais très court, l’expulsion des circuits de règlement d'un pays peut facilement se faire. Ceux qui ont conçu ce système avaient bien sûr cet objectif en tête; comment isoler et neutraliser un pays de la zone euro qui se mettrait à faire n'importe quoi (faire tourner la planche à billet plus que de raison pas exemple) pour ne pas qu'il entraine ses partenaires dans l’abîme.
L'insularité monétaire de la Grèce (le pays n'a aucune frontière commune avec un autre membre de l'Eurozone) offre de surcroit un avantage important, assez peu de billets de banque imprimés par Athènes ne circulent à l’étranger. Pour autant le problème posés par des "billets de banque grecs" aussi marginal qu'il puisse être peut devenir un casse-tête et compromettre gravement la crédibilité de la monnaie unique auprès du grand public. faut-il que chaque pays accepte ces billets détenus par ses habitants? Dans quelle limite et pour quelle durée peut-il accepter de les convertir? Comment lutter contre le trafic de devises qui ne manquera pas d'apparaitre avec des "euro grecs" que des trafiquants chercheraient à faire quitter la Grèce? Comment ne pas paralyser le commerce de détail avec des caissières chargées de traquer un billet hellène.
La sortie de la Grèce de la zone euro serait beaucoup mieux gérable en ce qui concerne les actifs et les contrats. L'épargnant grec qui détiendrait une action de BMW de 10 euros nominal inscrit dans sa banque à Thessalonqiue détiendrait toujours le même montant en cas de retour à la Drachme (c'est d'ailleurs une des technique utilisée par beaucoup de Grecs pour protéger leur capital, enfin ce qui en ont les moyens bien sûr). les contrats commerciaux passeraient à la Drachme à partir du moment où ils ont été signé selon le droit grecs et les emprunts contractés auprès de banques locales seraient aussi convertis. Certains Grecs ont donc même intérêts à ce que leur pays quittent la zone euro et que la nouvelle devise dévalue fortement.
A propos, connaissez-vous le code grec d'identification des billets de banque en euro?
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