Après la douche froide des élections législatives grecques du mois dernier où avaient triomphé des partis anti-mémoremdum européen et les récents déboires de la banque espagnole Bankia, le référendum organisé par l'Irlande prenait une importance singulière mais pas cruciale pour l'Union européenne (UE). Importance renforcée par le fait que l'Irlande est le seul pays a avoir choisi cette procédure de ratification. La vox populi irlandaise faisait figure de vote par procuration pour tous les Européens se plaignant de ne pas être consultés directement. Une réponse négative aurait non seulement été un mauvais signe envoyé aux prêteurs des pays de la zone euro mais il aurait apporté de l'eau au moulin des eurosceptiques.
Les irlandais ont voté sans enthousiasme mais avec raison (ou avec la peur au ventre pour les eurosceptiques). En votant non, l'ancien tigre celtique avait beaucoup plus à perdre que les autres pays de l'UE.
D'abord les irlandais ne disposaient pas de leur arme favorite avec l'Union européen, le chantage, puisqu'un "non" irlandais n'aurait pas bloqué l'entrée en vigueur de ce traité (comme cela avait été le cas pour les traités européens de Nice puis de Lisbonne en 2001 et 2008). Douze ratifications au sein de la zone euro (qui compte dix-sept pays) suffisent, trois pays de cette zone l'ont déjà fait et seule la France a exprimée des réserves (mais connaissant Flamby c'est plus une posture pré-électorale qu'autre chose).
L’adoption du "traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l’Union économique et monétaire" (selon son non officiel) permet à l'Irlande d'être éligible aux fonds du nouveau Mécanisme Européen de Stabilité (MES). Pour un pays qui a déjà bénéficié, depuis la fin 2010, d’un plan de sauvetage de 85 milliards d’euros garanti par l’U.E. et le Fonds monétaire international, et qui tente de renégocier les conditions financières des prêts accordés, c'est presque une question de vie ou de mort.
Je me demande si les dirigeants européens n'auraient pas dû obliger les Etats, dont le constitution le permettaient, de ratifier le pacte budgétaire par référendum. Un tel processus aurait permis de satisfaire tout le monde; les euro-sceptiques qui se plaignent que "le peuple n'est pas consulté" et que ses choix négatifs "soient ignorés" par la classe politique dirigeante et les europhiles en mettant les citoyens de chaque pays devant leurs responsabilités lors d'une procédure qui ne requiert qu'une majorité qualifiée. Aucun mauvais coucheur ne pouvant empêcher les autres d'avancer.
La France pourrait-elle organiser aussi un référendum à son tour? Techniquement oui mais politiquement c'est courir le risque de rouvrir de vielles plaies à gauche. Je doute fort que François Hollande se rallie à cette idée.
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