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Dette espagnole et Italienne: la mort à petit feu

L'encre du traité établissant le Mécanisme européen de stabilité est à peine sèche que déjà s’élèvent des voix dont celles; du secrétaire générale de l'OCDE, du FMI et de la Commission européenne, pour demander une augmentation de la capacité du fonds de secours aux pays en difficulté de la zone euro.

Le motif; "Bien qu’il ne soit pas clair aujourd’hui que l’on ait besoin d’actionner un fonds de cette envergure, son existence sera de nature à renforcer la confiance" précise un rapport de l'OCDE ce mardi.
Le chiffre; 1.000 milliards d'euro (jusqu'en 2014 et peut-être plus après) contre 740 milliards actuellement!  
Quand on parle pognon, à partir d'un certain chiffre, tout le monde écoute, mais à partir d'un autre chiffre, personne ne comprend car cela dépasse l’entendement. 740 milliards, c'est l'addition de la dette des trois pays de la zone euro déjà secourus par la Troïka (FMI, la BCE et les pays de l'Union européenne); Irlande, Portugal et Grèce avant restructuration de la dette, plus un petit reliquat de 40 milliards pour se donner de la marge...on n'est jamais à l'abri d'une mauvaise surprise. 1.000 milliards, c'est nos trois pays sous assistance respiratoire plus le stock de dette publique à renouveler jusqu'en 2014 pour l'Espagne et l'Italie, les deux suivants sur la liste des maillons faibles.


       Pourquoi eux et pas la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne ou les Etats-Unis?  

Avertissement: Les taux qui apparaissent dans le tableau plus bas ont été relevé le 26 mars sur les marchés et concernent les emprunts d'Etat à 10 ans. Ils sont bien évidement supérieurs au taux moyen pondéré du stock de dette de chaque pays cités puisque pour la majorité de la dette a été contracté avant la crise dans des conditions de marché bien plus favorables (malheureusement beaucoup de ces emprunts "bons marchés" arrivent à échéance) et que les Etats se refinancement aussi à des échéance plus courtes. Cependant l’emprunt à  10 ans est la référence, c'est l’échéance sur laquelle se financent majoritairement les pays.

Parce que nos deux voisins latins, se financent avec des taux d'intérêts trop élevés, ont des soldes primaires déficitaires et ont des respectives de croissances insuffisantes.
 
Les taux d'intérêts de la dette espagnole sur 10 ans tournent actuellement autour de 5,30% sur les marchés alors que, par exemple, les taux français sont à 2,94%. En apparence Madrid emprunte donc 1,8 fois plus cher que Paris, mais en tenant compte de l'inflation, Bercy ne  paie qu'un petit intérêt réel de 0,24% contre 2,60% pour les Espagnols soit 10 fois plus. La situation de l’Italie n'est guère meilleure. A l'opposé, Allemagne et Royaume-Uni se paient le luxe d'avoir des intérêts réels négatifs. On peut même parler de miracle à l'anglaise, emprunter à un taux si bas en ayant une inflation relativement élevée est exceptionnelle, un peu comme si c'était le créditeur qui payait des intérêts à son débiteur, le monde à l'envers. 

Pour stabiliser ou réduire sa dette un pays doit avoir soit une croissance de son PIB égale ou supérieur à la croissance de sa dette soit améliorer son solde primaire (solde budgétaire d'un Etat avant paiement des intérêts de la dette).

Depuis la politique de relance de François Mitterrand et de Pierre Mauroy en 1981, on sait en France que la croissance ne se décrète pas. Le candidat Hollande, probable future Président de la République, fait mine actuellement de ne pas le savoir, nul doute qu'il recouvrera la mémoire une fois élue.
Non seulement les taux de croissance prévisionnels de l'Espagne et de l'Italie sont parmi les plus faibles en Europe, mais pire ils ne couvrent quasiment pas les intérêts de la dette. Le rapport dette/PIB va donc mécaniquement se dégrader affaiblissant encore un peu plus la solvabilité attribuée à ces deux pays par les investisseurs qui en retour réclameront des rendements encore plus élevés. Un cercle vicieux.

La gestion du solde primaire un exercice délicat. C'est un mixe croissance qui est plus ou moins maitrisable, plutôt moins que plus d'ailleurs, et de politique fiscale.
Si un Etat veut stabiliser son endettement grâce à un solde primaire égale au service de la dette il devra soit baisser ses dépenses (y compris et surtout les prestations sociales) soit augmenter les impôts. Dans la plupart des cas ce sera les deux en même temps. L'effet est immédiat sur les comptes publics, il l'est aussi dans la rue avec un regain d’agitation sociale et sur les résultats des élections qui suivront, en particulier dans des pays qui n'ont pas le goût churchillien pour "le sang, la sueur et les larmes". 
Les USA, qu'on présente souvent comme l'Homme malade de l'Occident, atteignent presque l'objectif de croissance, 86,7 %, l'Allemagne n'est pas très loin, la perfide Albion remplit à moitié la mission. La France et La Belgique sont des élèves médiocres.


Y-a-t-il une solution?  

Faire faillite comme la Grèce, heu... pardon, faire défaut, est difficilement concevable au vu du poids des deux économies. C'est 7,5 fois la dette de la Grèce avant sa récente restructuration. Ce serait en plus une mauvaise nouvelle pour la France ou la Belgique qui se retrouveraient dans l’œil du cyclone.

Dans l'urgence, la première réponse des Trésors Italien et Espagnol est d'aller chercher des maturités moins onéreuses. Le 27  mars, date de sa dernière adjudication en date, Rome a placé des obligations à deux ans adjugées à 2,35 % au grand enchantement de la presse, un coût plus de deux fois moindre que les taux à dix ans. Revers de la médaille, plus la moyenne de la maturité des dettes  d'un émetteur est courte, plus il est dépendant d'un retournement des conditions d'emprunt sur les marchés. C'est pour cette raison que le Chancelier de l'Echiquier, George Osborne, avance l'idée d'emprunts quasi perpétuels, 100 ans, pour   "figer" sur le très long terme les conditions de taux favorables dont bénéficie le Royaume-Uni.

le pare-feu mise en place par les Européens est trop faible pour venir au secours de l'Italie et de l'Espagne. Même 1.000 milliards ne serviraient qu'à gagner du temps et poseraient en plus un problème éthique. Est-il normal qu'un pays comme l'Italie dont la richesse nette des ménages, y compris la richesse non-financière, est la plus élevé des économie du G7, laisse une partie du fardeau de sa dette à des pays comme la Pologne ou la Slovaquie? Un solidarité à l'envers que de nombreux pays ne sont pas prêts d'accepter.

Cette situation et les déclarations vindicatives de Mario Monti déclarant que la France et l'Allemagne sont coresponsables de la crise de l'endettement, même si c'est vrai, laisse présager un réunion agitée des ministres des finances de la zone euro vendredi 29 mars à Copenhague.

Dans la vie on partage toujours la merde, jamais le pognon.

 
Des situations financières extrêmement  disparates
Pays
Dette publique
(a)
Taux d'intérêts
 (b)
Taux d'inflation
 (c)
Taux d'intérêts réel (d)
Prévision de croissance
(e)
Couverture des besoins
(f)
Source: Eurostat, OCDE   et bloomberg                                                                  @advocatus-diaboli-capitalis.blogspot.com

(a) Dette publique 2011 rapportée au PIB.
(b) Taux d’intérêts de marché sur les emprunts 10  ans relevé  le 28 mars 2012.
(c) Inflation observée en février 2012 par zone monétaire.
(d) Différence entre taux de marché et inflation.
(e) Moyenne prévisionnelle arithmétique pour 2012 et 2013.
(d) Rapport entre "prévision de croissance"(e) et "taux d'intérêts"(d).
Allemagne 81,8 % 1,88 % 2,70 %
-0,88 %
1,25 %
66,5 %
Belgique 98,5 % 3,37 % 2,70 % +0,67 %
1,05 %
31,16 %
Espagne 66,0 % 5,30 % 2,70 % +2,60 %
0,80 %
15,10 %
France 85,20 % 2,94 % 2,70 % +0,24 %
0,85 %
28,91 %
Italie 119,6 % 5,10 % 2,70 % +2,40 %
0,00 %
0 %
Royaume-Uni 83,2 % 2,24 % 3,40 % -1,16 %
1,15%
51,34%
Union européenne 82,2 % ns 2,70 % ns
 0,855 %
ns
Etats-Unis 100,3 % 2,19 % 2,40 % -0,21 %       1,90 % 86,76%

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