On entend souvent dire que quand on fait appel à une femme pour une fonction à haute responsabilité c'est le signe que la situation est désespérée. Christine Lagarde, qui a de fortes chances de prendre dans quelques jours la succession de Dominique Strauss-Khan à la tête du Fonds monétaire international, va peut-être confirmer cette règle. Rassurez-vous, son destin sera surement moins tragique que celui de Jeanne d'Arc.
Oui, la situation de quelques pays européens est désespérée, car ni le président Sarkozy ni DSK n'ont, comme tous les deux et leurs admirateurs le claironnent, sauvé l'Europe et l'euro (voir un de mes précédents articles: Le bilan contestable du docteur DSK au FMI). Au mieux, ils ont gagnés du temps en accordant un sursit à la Grèce, au Portugal, à l'Irlande et quelques autres. Au pire, ils auront contribué à appauvrir le reste des pays européens qui ont prêté de gros montants à des pays qui ne les rembourseront peut-être jamais.
Un timing cruel et injuste, mais le monde est injuste
Un timing cruel et injuste, mais le monde est injuste
Classiquement, les interventions du FMI se déroulent en trois temps;
1- Une mise à disposition d'argent frais qui sauve le pays d'une situation de cessation de paiement, c'était le rôle favori de DSK qui aimait convoquer la presse et poser, en compagnie des grands dirigeants politiques, devant les photographes.
2- L'application des prescriptions d'économistes Washingtoniens (baisse des salaires et des retraites, dégraissage dans la fonction publique, augmentation des prix et des impôts, privatisations etc.), c'est très désagréable. Le patron du FMI envoie généralement ses sbires pour faire ce sale boulot et les dirigeants politiques du pays concerné jurent leurs grands dieux devant les électeurs qu'ils n'ont pas le choix de dire non.
3- Enfin les sanctions en cas résultats insuffisants,c'est le supplice, mais généralement on en arrive pas à ce point entre gens de bonne compagnie.
1- Une mise à disposition d'argent frais qui sauve le pays d'une situation de cessation de paiement, c'était le rôle favori de DSK qui aimait convoquer la presse et poser, en compagnie des grands dirigeants politiques, devant les photographes.
2- L'application des prescriptions d'économistes Washingtoniens (baisse des salaires et des retraites, dégraissage dans la fonction publique, augmentation des prix et des impôts, privatisations etc.), c'est très désagréable. Le patron du FMI envoie généralement ses sbires pour faire ce sale boulot et les dirigeants politiques du pays concerné jurent leurs grands dieux devant les électeurs qu'ils n'ont pas le choix de dire non.
3- Enfin les sanctions en cas résultats insuffisants,c'est le supplice, mais généralement on en arrive pas à ce point entre gens de bonne compagnie.
A l'ancien maire de Sarcelles est revenu le job le plus gratifiant de distributeur de cash et de bienfaiteur du peuple, à la "pauvre" Christine celui d'annoncer les mauvaises nouvelles et d'infliger une diète financière aux pays endettés. On ne peut pas sérieusement reprocher à Dominique cette situation, ce timing est le fruit du hasard, à moins d'imaginer qu'il se soit, volontairement ou par acte manqué, mis dans la situation difficile qu'on connait pour ne pas faire face à la colère populaire.
Les grecs ont mangé la carotte offerte par DSK, ils vont maintenant goûter au bâton de Madame Lagarde
L'assistance aux pays européens touchés par la défiance des marchés financiers et qui ne peuvent plus emprunter à des taux raisonnables est le chantier explosif du mandat à venir de Lagarde.
L’Europe aime à rappeler au reste de la planète qu'elle est la première contributrice au budget du FMI et que donc le poste de Directeur général doit légitimement lui revenir, mais elle ne se vante jamais d'être devenue la première emprunteuse. Le total des prêts du FMI aux pays de l'UE dépasse les 100 milliards d'euros; dont 70 milliards pour trois pays de la zone euro (Grèce, Irlande et Portugal) et un peu plus de 25 milliards pour la Pologne, la Hongrie, la Roumanie et la Lettonie réunies. Les montants sont importants mais les prêts ne sont jamais versés d'un coup, le FMI débloque les tranches du prêt au fil de l'eau après avoir vérifié que les états emprunteurs respectaient leurs engagements de réformer l'économie du pays (privatisation, baisse de nombre de fonctionnaires etc.) sinon le robinet s'arrête.
Le problème actuel est que peu de pays respectent les promesses faites au FMI. La Grèce est en retard sur son programme de privatisation et de réduction des déficits et les capitaux continuent de fuir le pays. La situation est si dramatique que les Allemands évoquent ouvertement une restructuration de la dette (donc des pertes sèches pour les investisseurs dont fait parti le FMI) et Jean-Claude Juncker, président de l'Eurogroupe, plaide pour la création d'une agence, indépendante du gouvernement grec, chargée de mener à bien les privatisation. D'autres pays (Irlande et Hongrie) ont connus des alternances politiques avec des nouveaux gouvernements ne se sentent pas liées par les promesses de l'équipe précédente. les Portugais vont renouveler leur parlement en juin et vont peut-être rejoindre ce groupe en rébellion.
Un cocktail explosif
Des pays européens qui malgré les plans de sauvetage n'arrivent pas à se libérer de la nasse dans laquelle ils sont tombés, de nouveaux pays qui inquiètent les marchés (Espagne, Italie), un groupe des pays riches (Allemagne, Pays-bas, Finlande etc..) de moins en moins enclin à venir à leur secours et surtout un vent de révolte qui souffle à l'image des Indignados en Espagne ou des manifestions quotidiennes en Grèce. Tout est réunis pour une explosion sociale en Europe.
Face à cette situation e FMI et donc Christine Lagarde se trouvent dans une impasse d'autant plus que les réticences des Européens du Nord à porter secours à leurs voisins du Sud s'étend (cf. percée d'un parti populiste qui est opposé aux plans de secours de l'UE en Finlande) et enfin l'agacement des pays non-européens actionnaire du FMI qui s'inquiètent que les ressource du fonds sont de plus en plus mobilisées pour l'Europe alors que même en crise ce continent reste le plus riche de la planète.
Une si belle cible
Christine Lagarde est une cible facile, du pain bénit pour la gauche française, qui va pouvoir renouer avec sa veille marotte d'un FMI affameur des peuples qui était devenu depuis la nomination d'un ancien ministre de gauche le monopole des Mélanchon et consorts. D'une pierre deux coups, le parti socialiste attaquera plus facilement la ministre la plus emblématique (le bouclier fiscal c'est elle!) nommée par Sarkozy que le temps de la campagne pour la présidentielle aura commencé.
Elle est aussi une cible commode pour les habitants (politiques ou simples citoyens) des pays endettés qui refusent de reconnaitre leurs erreurs ou celles commises par les dirigeants qu'ils ont choisi. Comme Margaret Thatcher et Marie-Antoinette c'est une femme et on sait bien que la haine du peuple se focalise, en politique, plus facilement sur une femme que sur un homme, en particulier dans les pays du sud de l'Europe. Elle a, avec ses bijoux en perles, des allures de grande bourgeoise et est "très" française et donc sera accusée d'arrogance. Le seul point d'attaque de DSK était sa judéité.
Madame Lagarde se doute-elle du sort qui l'attend? Surement, mais elle s'en fout un peu car elle n'est pas une femme politique à proprement parlé comme l'étaient DSK ou même l'Espagnol Rodrigo Rato (directeur du FMI de 2004 à 2007). Les deux hommes se servaient du FMI comme un tremplin pour leur ambition politique et/ou comme une salle d'attente confortable en attendant une alternance politique dans leur pays d'origine. Christine Lagarde est venu sur le tard en politique et le poste du FMI est à mon avis perçu comme une consécration professionnelle et un aboutissement personnel.
tres prémonitoire !
RépondreSupprimerPour moi c’était facilement prévisible. DSK a joue au Père Noël et celui qui devait venir après lui devait se taper le sale boulot.
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