Dominique Strauss-Khan est mort. Politiquement s’entend, bien sure. Quelque que soit l'issue du long procès qui l'attend, le sort public de l'ancien directeur du FMI et ex-futur-président de la république est scellé. Même reconnu innocent, il gardera à jamais la réputation d'un malade sexuel. Les vannes se sont ouvertes et les témoignages vrais ou inventés de femmes contre lui vont d’accumuler, la paroles libérée appelle à la paroles libérée.
L’après-DSK a donc commencé un dimanche matin de mai et cela aucun dirigeant socialiste ne l'avouera en public; on ne frappe pas un homme à terre, et surtout, il y a le sacro-saint principe de la présomption d’innocence.
Le problème, qu'ont a gérer les politiques de droite - y compris l’extrême droite- comme de gauche, est soit de ne pas perdre trop de plumes dans cette histoire de viol soit d'engranger un maximum de points.
L’extrême gauche pourrait être la grande gagnante de cette affaire par un effet de vases communicants qui profite, en politique, au voisin extrémiste (si une telle affaire avait touché l'UMP c'est le FN qui en aurait bénéficié le plus largement). Le parti socialiste s'est offert à quelqu'un qui, si la justice le confirme, incarne l'opposé des valeurs que prêtent défendre le parti socialiste. Un homme riche peut certes porter les couleurs du grand parti de gauche, un homme qui à le goût du luxe et des belles voitures plus difficilement mais surement pas un homme violant et qui s'attaque aux plus faibles, les petites gens, les immigrés et les femmes.
L’extrême droite peut aussi jouer gagnant. Juif, banquier, riche, polyglotte, membre de "l'élite mondialisée", mariée à une ancienne journaliste vedette qui a toujours refusé d'inviter Le Pen père dans son émission 7 sur 7, DSK est vraiment le client idéal. Cerise sur le gâteau, la nomination du leader socialiste est un fait du prince Sarkozy. En somme du pain béni pour Maine Le Pen qui va pouvoir dénoncer la prétendue collusion entre l'UMP et le PS, le fameux UMPS, et ressortir le vieux disque du "tous pourris sauf nous".
Le centre pourrait tirer les marrons du feu, en recueillant les électeurs de centre gauche fuyant le PS, comme cela s'était produit pendant la précédente élection présidentielle, mais pour une autre raison (nullité de la candidate PS). Son seul problème est qu'il est tellement éclaté que 5 ou 10% à se partager ente cinq postulants au moins (Bayrou, De Villepin, Borloo, Morin etc.) ne pèse au final pas grand chose.
Le parti socialiste est le grand perdant, à double titre. D'abord il perd son champion. L'homme qui, d’après les sondages, était qualifié au second tour quelque soit le nombre et la qualité des candidats présents au premier tour et pouvait même provoquer un 21 avril à l'envers avec Marine le Pen qualifiée au deuxième tour. Il perd celui qui gagnait au second tour avec une large avance que ce soit face à Marinne Le Pen ou face à Nicolas Sarkozy. Le calendrier est quelque fois cruel, quelques jours après la publication du rapport de Terra Nova prônant un changement de stratégie pour la prochaine élection présidentielle en ciblant un électorat de jeunes, de femmes, de minorités et de diplômés, le meilleur des candidats du PS est accusé, entre autre, de viol sur une jeune femme mère célibataire et noire! A l'heure actuel on ne sait pas encore si elle est diplômée.
Si le plus grand ennemi de DSK était lui-même, il semble que le plus grand danger pour le PS soit les déclarations à l'emporte pièce de ses propres dirigeants qui, en boucle, sur les chaines de télé, à la radio, dans la presse écrite ou sur le net, défendent leur ami, ou soit-disant ami, de manière extrêmement maladroite et qui non seulement enfoncent celui qu'ils prétendent défendre mais surtout causent un tord énorme à leur propre parti à qui ils collent une image de parti des puissants. Jack Lang qui tente de minorer la gravité d'un viol affirmant "qu'il n'y a pas mort d'homme" ou Jean-Marie Le Guen disant qu' "il peut y avoir des hallucinations" (oui jean-Marie, moi aussi j'ai l'impression d'avoir des hallucinations en t'écoutant) sont les pires avocats qu'on puisse trouver. Quand on a des amis comme eux on n'a pas besoin d'ennemi.
L'UMP est dans un situation extrêmement ambigüe. Vis à vis de la gauche en général et du PS en particulier, elle perd son complexe d'immoralité et d'insensibilité aux souffrances du "peuple d'en bas". Le Fouquet's et le Yacht de Bolloré c'est du mauvais goût, un viol est un crime, un abîme sépare les deux. Deux problèmes subsistent: que le FN ne profite pas plus que l'UMP de la crise du PS et faire oublier que la nomination de DSK au FMI dans la puritaine Amérique a été décidé par Nicolas Sarkozy. C'est peut-être pour cela que le président de la république a demandé à ses ministres de ne pas commenter cette affaire. Cette affaire c'est du lourd réservé aux spécialistes en com' de l'Elysée . Toute déclaration maladroite pourrait avoir un effet boomerang, particulièrement si Strauss-Khan était reconnu innocent et surtout si les Français continuaient majoritairement à croire à un complot...suivez mon regard.
Au delà des partis politiques, on recense déjà deux victimes dans cette affaire:
Les Français qui, en soutenant massivement l'idée d'un complot, passent pour des hurluberlus aux yeux du monde entier.
La France, qui perd la direction du Fonds monétaire international à un moment crucial où les pays d'Europe qui ont le plus besoin d'un soutien financier se trouvent être ceux à qui les banques françaises ont le plus prêté.
Les Français qui, en soutenant massivement l'idée d'un complot, passent pour des hurluberlus aux yeux du monde entier.
La France, qui perd la direction du Fonds monétaire international à un moment crucial où les pays d'Europe qui ont le plus besoin d'un soutien financier se trouvent être ceux à qui les banques françaises ont le plus prêté.
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