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CDS: La bombe atomique qui fait pschitt

On nous avait pourtant bien prévenu. Le déclenchement des Credit default swap(cds), en cas de faillite ou de défaut de la Grèce, devait avoir des conséquences cataclysmiques pour l'économie mondiale. Les banques ne pourraient pas faire face aux demandes d'indemnisation d'avides fonds spéculatifs anglo-saxons et feraient faillite, les épargnants perdraient leur épargne car les Etats ne pourraient venir au secours de ces mastodontes financiers; too big to fail but too big to be rescue. Les PME mettraient la clé sous la porte faute de pouvoir se financer, des millions de salariés se retrouveraient au chômage. Fonctionnaires et retraités verraient leurs revenus amputés.

Vendredi 10 mars l'ISDA (International Swaps and Derivatives Association) décrétait que le défaut, même partiel, de la Grèce est bien un évènement de crédit. Pourtant ce matin, je suis allé retirer de l'argent au guichet automatique de ma banque, comme j'en ai l'habitude, l'esprit tranquille. Certes ce n'était pas une fortune et l'automate a pris un peu plus de temps que d'habitude mais l'opération a été un succès!


On nous aurait donc bien banané comme dirait Fonzie. Une sorte de chantage, soit pour nous arracher une aide quasi sans limite aux tricheurs et menteurs de  la République hellénique diraient les conservateurs, soit pour nous faire accepter des sacrifices sociaux va crier la gauche. Il y a aussi une troisième solution. Les dirigeants politique, les journalistes, les "experts financiers",  enfin tous ceux qui se pressent sur le plateau de C dans l'air, naviguent à vue et n'avaient aucune idée des montants en jeux et des conséquences possibles. Comme toujours la vérité doit être un mixte de toutes les hypothèses.

Combien les déclenchements de CDS vont-il couter et à qui surtout? Des chiffres circulent dans la presse; 3,2 milliards d’explosion nette et 60 milliards brut. 

Mais d'abord ces chiffres méritent une petite explication avec un exemple simple. John Moneymaker achète à la Banque du Rhin un CDS pour couvrir 5 millions d'obligation grecques qu'il détient (ou même qu'il ne détient pas, cela n'a pas d'importance). La Banque du Rhin décide de se couvrir et achète une CDS pour le même montant à la Banque du Danube. Bilan de ces deux opérations; la Banque du Rhin a acheté puis vendu le même produit pour le même montant, sa position est nulle. John est en position acheteur de 5 millions et la Banque du Danube est en position vendeuse de 5 millions. L'exposition globale des trois acteur est de 10 millions en brute (2x5) et de "seulement" 5 millions en net.

3,2 milliards c'est pas grand chose à l'échelle de la planète finance à moins qu'un blaireau se soit amusé à  accumuler une grande partie des positions brutes dans le mauvais sens. Le fait que le marché des CDS est non-régulé ne représente pas une situation autant aggravante que certains le claironnent; nos deux compères Kerviel et Adoboli ont joué sur des marchés futures Dax et EuroStoxx parfaitement régulés et cela n'a pas empêché la catastrophe que l'on sait. Un élément qu'il relative encore un peu plus ces montants est les primes récurrentes énormes, et justifiées à posteriori,   touchées par les banquiers émetteurs de CDS. Rembourser 50 millions quand on a soit même touché 10 millions de primes pendant 3 ou 4 ans c'est presque une opération blanche.

La décision de l'ISDA était-elle justifiée. Juridiquement je ne m'avancerai pas mais du point de vue du bon sens et de la réputation de cet organisme c'est oui. L'Union européenne pourra utiliser tous les euphémismes de la langue française, anglaise ou grecque qu'elle peut trouver et torturer le petit Robert, la vérité est crue; la Grèce a fait défaut. Si l'ISDA n'avait pas déclaré l’événement de crédit, elle aurait non seulement perdu toute considération et le juteux marché des CDS aurait disparu ou serait aller se chercher un nouvelle organisation professionnelle. A quoi cela sert-il de payer des fortunes en assurance si on sait d'avance qu'on ne sera pas rembourser en cas de faillite?

Accuser les CDS de taux les maux financiers de la Grèce est devenu comme reprocher  à Saddam Hussein de détenir des armes de destructions massive, on aimerait bien y croire mais il faudrait nous en apporter les preuves.

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