Un sondage paru dans le journal Dimanche Ouest-France du 18 septembre a fait l'effet d'une douche froide chez nos amis europhiles. 68% des Français désapprouveraient l'augmentation de la contribution française au sauvetage de la Grèce. Les Français seraient-ils devenue aussi égoïstes que les Allemands?
Il est vrai que depuis le début de la crise grecque les médias et les politiques français se sont laissés aller à une présentation caricaturale des positions des pays européens. D'un côté les Latins avec en tête de cortège la France - fille ainée de l'église - généreux, solidaires, visionnaires, qui ont tout compris de la crise mais dépensiers et et de l'autre côté de la rive du Rhin, les Germains, égoïstes, comptables, ne comprenant rien aux subtilités des marchés financiers mais vertueux. Un remake des guerres de religions qui ont ravagés l'Europe.
Tout était bon pour gagner cette guerre des idées. On faisait appel; aux économistes auto-proclamés les plus éminents sur C dans l'air, à des prix Nobel américains toujours plus prompts à voir la paille dans l’œil de Merkel que la poutre dans celui d'Obama, à des banquiers français qui en cas de défaut de la Grèce verraient leurs stock-options fondre comme neige au soleil, à des financiers comme Soros, une ancienne gloire de la spéculation des année 90 reconverti dans le caritatif mais qui garde toujours un pied dans le business et à des journalistes de droite comme de gauche. On alla même chercher des renégats en Allemagne comme l'ancien chancelier allemand Gerhrat Schröder (qui ne laissera pas dans l'histoire le souvenir d'un grand européen) et Georgios Chatzimarkasis, un député libéral allemand d'origine grec, plus sensible aux liens du sang que fidèle aux idées de son parti politique très en pointe contre toute aide aux PIGS.
Tout était bon pour gagner cette guerre des idées. On faisait appel; aux économistes auto-proclamés les plus éminents sur C dans l'air, à des prix Nobel américains toujours plus prompts à voir la paille dans l’œil de Merkel que la poutre dans celui d'Obama, à des banquiers français qui en cas de défaut de la Grèce verraient leurs stock-options fondre comme neige au soleil, à des financiers comme Soros, une ancienne gloire de la spéculation des année 90 reconverti dans le caritatif mais qui garde toujours un pied dans le business et à des journalistes de droite comme de gauche. On alla même chercher des renégats en Allemagne comme l'ancien chancelier allemand Gerhrat Schröder (qui ne laissera pas dans l'histoire le souvenir d'un grand européen) et Georgios Chatzimarkasis, un député libéral allemand d'origine grec, plus sensible aux liens du sang que fidèle aux idées de son parti politique très en pointe contre toute aide aux PIGS.
Mais la crème de la crème dans un système démocratique où les médias sont très puissants reste le sondage. Car le sondage c'est scientifique donc non-discutable et objectif. Celui qui n’adhère pas à l'opinion majoritaire exprimée par un sondage à tort et doit fermer sa gueule!
Enfin sondage scientifique, c'est un peu vite dit. Poser des questions assez vagues pour permettre au journal qui l'a commandé et payé de les interpréter comme il l'entend – après tout le client est roi – cela n'a rien de nouveau. Mais dans le cas qui nous intéresse on peut dire que la presse s'est surpassée.
Sur un malentendu
Qu'on soit Europhile, Nécrophile, Eurosceptique ou sceptique tout court, il faut bien reconnaitre que l'aide à la Grèce est souvent présentée dans les médias comme non pas une aide de l'ensemble des pays européens à la Grèce mais de l'Allemagne à la Grèce. Ce qui est factuellement faux puisque chaque Etat qui y participe s'engage proportionnellement à la quote-part qu'il détient dans la Banque centrale européenne (BCE), quote-part elle-même proportionnelle à son PIB. Ainsi si la part de l'Allemagne, avec 27% du total, est prépondérante celle de la France n'est pas pour autant insignifiante (20% soit plus de 89 milliards d'euros) et que le petit mais riche émirat de Luxembourg s'engage per capita pour un montant 50% plus élevé que les Allemands.
Faire croire que seule l'Allemagne paiera pour la Grèce c'est faire mieux passer la pilule aux citoyens des autres pays mais cela a ses limites car ce mensonge ne peut pas être éternel.
Faire croire que seule l'Allemagne paiera pour la Grèce c'est faire mieux passer la pilule aux citoyens des autres pays mais cela a ses limites car ce mensonge ne peut pas être éternel.
L'opinion des français n'a pas changé, ce sont les questions qui ont évolué
Voici donc l’intitulé exact de la question de septembre posée à un échantillon de 1.009 personnes représentatifs de la....bla bla bla, et le résultat global:
"Dans le cadre des plans de sauvetage européens de la dette grecque, après une première aide en mai 2010, la France va augmenter sa contribution financière à hauteur de 15 milliards d’euros. Vous personnellement, approuvez-vous ou désapprouvez-vous cette décision ?" 32 approuvent et 68% désapprouvent.
Suivent trois questions posées dans 3 différents sondages réalisés par l'IFOP
Question posée en Juin 2011:
"Au nom de la solidarité européenne, la France doit-elle aider financièrement la Grèce ?" 59% de oui et 41% de non.
Question posée en Décembre 2010:
"Vous savez que les Etats européens, dont la France, ont aidé financièrement la Grèce et l’Irlande au nom de la solidarité européenne et pour défendre l’euro. En contrepartie de cette aide, la Grèce et l’Irlande ont dû appliquer un plan de rigueur et d’austérité (diminution des dépenses publiques, hausse de la TVA, diminution de salaires des fonctionnaires, etc.). Personnellement, approuvez-vous l’aide financière de la France à la Grèce et à l’Irlande ?" 69 de oui et 31% de non.
Question posée en Mai 2010:
"Vous savez que la Grèce traverse actuellement une crise très grave. Personnellement, au nom de la solidarité européenne, souhaitez-vous que la France aide financièrement la Grèce ?" 59% oui et 41% désapprouvent.
Beaucoup à dire et à redire sur la formulation des questions
D'abord pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple et changer l’intitulé des questions à chaque fois? Un peu comme si votre pompiste préféré affichait le prix de l'essence une semaine en litre, puis en gallon ou en pipe (désolé Mesdames c'est vraiment une unité de mesure ancienne). Bien sure le sondeur vous répondra que c'est une commande du client qui veut un sondage personnalisé et non pas une copie de celui réalisé pour le concurrent. Personnellement je dirais que la réponse est toujours un peu dans la question.Chaque journal a sa tendance et les tendance évolue aussi avec le temps c'est pour cela que les questions varient avec le support et le temps.
Quels éléments des questions peuvent expliquer le renversement d'opinion d'un peuple d’habitude si sage et constant? Au contraire des questions antérieure la question principale du sondage Ouest-France de septembre ne comporte aucune élément moral, dramatisant, compassionnel pour la Grèce ou culpabilisant pour ceux qui ne voudrez pas aider ce pays. Au contraire le dernier sondage en date utilise froid et comptable et parle d'augmentation de la contribution de la France de 15 milliards. Le coup de grâce en fait.
1- L'expression moral "au nom de la solidarité européenne" reprise dans les trois premiers sondage n'est pas reprise.
2- Aucun élément relevant du pathos ou de la dramatisation n'est utilisé ("une crise très grave", "la Grèce et l'Irlande ont dû appliquer un plan de rigueur et d'austérité")
Le traitement pas les médias a beaucoup changé depuis l'été
Les temps changent. Il y a peu celui qui faisait office de référence en matière économique était l'inoxydable Elie Cohen qui depuis le début de la crise financière venait tous les soirs à la télé nous expliquer que tout était sous contrôle et qu'on pouvait aller dormir sur nos deux oreilles.
Malheureusement même les directeurs de l'info ont des yeux, des oreilles et un peu de bon sens et ont dû se résoudre à faire appel à notre Dr Doom national, j'ai nommé François Lenglet. Quelle belle revanche pour celui qui passait, il y a si peu de temps encore, pour le bouffon de service des émissions économiques sérieuses tout simplement parce qu’il prophétisait une idée saugrenue qui parait être une évidence pour beaucoup aujourd'hui, y compris pour Dominique Strauss-Khann, la Grèce ne paiera pas.
Puisque les prophètes changent il faut aussi que les sondages changent.
Aucun sondage n'est parfait mais il faut bien reconnaitre que le dernier sondage est surement le moins mauvais des quatre et reflète surement le mieux la réelle humeur des Français vis-à-vis de la tragédie grecque. Bien sure cela n'explique pas, à lui tout seul, cet apparent revirement de l'opinion publique française. Les reportages télé et les articles de presse montrant que le gouvernement grec ne veut ou ne peut pas tenir les promesses données en échange des aides européennes ont eu un effet ravageur.
Quel enseignement tirer de ce sondage?
68% de personnes qui désapprouvent la décision d’augmenter l'aide à la Grèce est un refus net et massif. Cependant j'ai relevé quelques singularités qui m'ont amusé.
"Dans le cadre des plans de sauvetage européens de la dette grecque, après une première aide en mai 2010, la France va augmenter sa contribution financière à hauteur de 15 milliards d’euros. Vous personnellement, approuvez-vous ou désapprouvez-vous cette décision ?" 32 approuvent et 68% désapprouvent.
Suivent trois questions posées dans 3 différents sondages réalisés par l'IFOP
Question posée en Juin 2011:
"Au nom de la solidarité européenne, la France doit-elle aider financièrement la Grèce ?" 59% de oui et 41% de non.
Question posée en Décembre 2010:
"Vous savez que les Etats européens, dont la France, ont aidé financièrement la Grèce et l’Irlande au nom de la solidarité européenne et pour défendre l’euro. En contrepartie de cette aide, la Grèce et l’Irlande ont dû appliquer un plan de rigueur et d’austérité (diminution des dépenses publiques, hausse de la TVA, diminution de salaires des fonctionnaires, etc.). Personnellement, approuvez-vous l’aide financière de la France à la Grèce et à l’Irlande ?" 69 de oui et 31% de non.
Question posée en Mai 2010:
"Vous savez que la Grèce traverse actuellement une crise très grave. Personnellement, au nom de la solidarité européenne, souhaitez-vous que la France aide financièrement la Grèce ?" 59% oui et 41% désapprouvent.
Beaucoup à dire et à redire sur la formulation des questions
D'abord pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple et changer l’intitulé des questions à chaque fois? Un peu comme si votre pompiste préféré affichait le prix de l'essence une semaine en litre, puis en gallon ou en pipe (désolé Mesdames c'est vraiment une unité de mesure ancienne). Bien sure le sondeur vous répondra que c'est une commande du client qui veut un sondage personnalisé et non pas une copie de celui réalisé pour le concurrent. Personnellement je dirais que la réponse est toujours un peu dans la question.Chaque journal a sa tendance et les tendance évolue aussi avec le temps c'est pour cela que les questions varient avec le support et le temps.
Quels éléments des questions peuvent expliquer le renversement d'opinion d'un peuple d’habitude si sage et constant? Au contraire des questions antérieure la question principale du sondage Ouest-France de septembre ne comporte aucune élément moral, dramatisant, compassionnel pour la Grèce ou culpabilisant pour ceux qui ne voudrez pas aider ce pays. Au contraire le dernier sondage en date utilise froid et comptable et parle d'augmentation de la contribution de la France de 15 milliards. Le coup de grâce en fait.
1- L'expression moral "au nom de la solidarité européenne" reprise dans les trois premiers sondage n'est pas reprise.
2- Aucun élément relevant du pathos ou de la dramatisation n'est utilisé ("une crise très grave", "la Grèce et l'Irlande ont dû appliquer un plan de rigueur et d'austérité")
Le traitement pas les médias a beaucoup changé depuis l'été
Les temps changent. Il y a peu celui qui faisait office de référence en matière économique était l'inoxydable Elie Cohen qui depuis le début de la crise financière venait tous les soirs à la télé nous expliquer que tout était sous contrôle et qu'on pouvait aller dormir sur nos deux oreilles.
Malheureusement même les directeurs de l'info ont des yeux, des oreilles et un peu de bon sens et ont dû se résoudre à faire appel à notre Dr Doom national, j'ai nommé François Lenglet. Quelle belle revanche pour celui qui passait, il y a si peu de temps encore, pour le bouffon de service des émissions économiques sérieuses tout simplement parce qu’il prophétisait une idée saugrenue qui parait être une évidence pour beaucoup aujourd'hui, y compris pour Dominique Strauss-Khann, la Grèce ne paiera pas.
Puisque les prophètes changent il faut aussi que les sondages changent.
Aucun sondage n'est parfait mais il faut bien reconnaitre que le dernier sondage est surement le moins mauvais des quatre et reflète surement le mieux la réelle humeur des Français vis-à-vis de la tragédie grecque. Bien sure cela n'explique pas, à lui tout seul, cet apparent revirement de l'opinion publique française. Les reportages télé et les articles de presse montrant que le gouvernement grec ne veut ou ne peut pas tenir les promesses données en échange des aides européennes ont eu un effet ravageur.
Quel enseignement tirer de ce sondage?
68% de personnes qui désapprouvent la décision d’augmenter l'aide à la Grèce est un refus net et massif. Cependant j'ai relevé quelques singularités qui m'ont amusé.
- 58% des hommes et 76% des femmes désapprouvent ce plan! Qui a dit que les femmes faisaient de la politique différemment avec plus d'antipathie?
- 67% des 18-24 ans et 51% des plus de plus de 65 ans désapprouvent ce plan! Qui a dit, encore, que les jeunes étaient solidaires. Peut-être que les plus anciens se disent qu'ils n'auront pas à rembourser ces 15 milliards en cas de faillite de la Grèce et que leurs assurances-vie sont gavées d'obligations grecques.
- 81% des ouvriers et 49% des cadres sup' désapprouvent ce plan! Les classes populaires aiment bien le social mais seulement à leur bénéfice. A moins qu'elles pensent ne rien avoir à perdre en cas de faillite des banques ce qui n'est pas le cas des cadres sup'.
- 90% des électeurs du FN et 83% de ceux de LO et du NPA désapprouvent ce plan! Les extrême se rejoignent. Surement pas pour les mêmes raisons, les premiers par xénophobie et les seconds parce que le grand soir dont ils rêvent tant arrivera plus rapidement, pensent-ils, si un pays de la zone euro fait faillite. Pour être honnête il ne faut pas non plus sous-estimer la conviction chez beaucoup d'électeurs (et pas seulement d’extrême gauche) que ce plan sert à sauver les banques et pas la Grèce.
Bonjour
RépondreSupprimerLes francais aussi égoistes: Non, Aussi réalistes que les allemands
Je pense que les Francais restent pour une Europe unie, mais contre les institutions européennes qui sont purement incompetentes :
- Grece: ces institutions ont accepté la Grèce dans le zone € sur la base de chiffres truqués par les gouvernants grecs.
- Dexia: les institutions européennes ont validé (il y a quelques mois) le "Stress Test" qui indiquait que Dexia était en pleine forme.
Il faut stopper cette gestion catastrophique et antidémocratique...
Bonjour,
RépondreSupprimerQuand je dit "égoïste" c'est ironique pour reprendre les anathèmes que la presse française jette contre les Allemands quand ils rechignent à payer pour tel ou tel projet.